Né en 1944 à Semur-en-Auxois.
Formé par le théâtre lycéen, universitaire et les stages de la jeunesse
et des sports, Marcel Bozonnet rencontre en 1966, à l'occasion
du festival des Nuits de Bourgogne, Victor Garcia, artiste d’avant-garde, qui lui fait interpréter le rôle d'Emanou dans Le Cimetière des voitures d'Arrabal. Marcel Maréchal le remarque lors de cette représentation
et lui propose de rejoindre sa troupe à Lyon pour laquelle il interprète
des textes de Jean Vauthier, Louis Guilloux, Paul Claudel et Shakespeare.
Deux ans plus tard, Marcel Bozonnet est à Paris où il poursuit
sa formation avec la danseuse Laura Sheleen, élève de l'Ecole de Martha Graham. En 1968, il se lie d’amitié avec Alain Crombecque et rencontre Patrice Chéreau qui lui propose de jouer dans sa mise en scène des Soldats de Jacob Lenz.
Dans cette même période, Marcel Bozonnet fait aussi la connaissance
de Jean-Marie Villégier et François Regnault qui lui permettent d’appréhender plus largement l’univers du théâtre. C’est ainsi qu’il pourra conjuguer ses aspirations philosophiques et littéraires avec l’Histoire
du théâtre. Les belles rencontres artistiques vont se poursuivre : Valère Novarina, Jean-Louis Jacopin et les comédiens Tatiana Moukhine, Pierre Tabard et Catherine Sellers qui l’accueillent et le soutiennent. Il devient aussi l'assistant de Roger Blin pour sa création de Macbeth de Shakespeare.
Il travaille en tant que comédien avec Alfredo Arias, Alain Ollivier, Georges Aperghis, Antoine Vitez, Petrika Ionesco, Philippe Adrien, Lucian Pintilié, Dario Fo avec lesquels il interprète le répertoire classique
et contemporain (Beckett, Vauthier, Guyotat, Copi, Atlan).
De 1979 à 1984, il met en pratique son intérêt pour la pédagogie théâtrale en tant que professeur d’interprétation à l’école de la rue blanche (aujourd’hui ENSATT). Dans le même temps, Marcel Bozonnet rencontre Eric Blanche avec qui il va créer dans sa ville natale le festival
de théâtre « Scènes en découverte » et une académie pluridisciplinaire
avec notamment Caroline Marcadé (1983-1989).
En 1982, Marcel Bozonnet, à la demande de Jacques Toja, intègre
la troupe de la Comédie Française comme pensionnaire pour interpréter Victor, dans Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac, mis en scène par Jean Bouchaud. Il devient sociétaire en 1986, année où il interprète Antiochus, dans Bérénice de Racine, sous la direction de Klaus-Michaël Grüber. Il se produit également dans Cinna, Le Balcon, Les Femmes Savantes, Tête d'Or, Torquato Tasso, La Vie de Galilée, Le Médecin malgré lui
et Le Médecin Volant, Le Barbier de Séville.
Il est nommé directeur du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique en janvier 1993 et quitte alors la Comédie Française. Il occupe cette fonction jusqu’en juillet 2001. À ce poste, il s’emploie à défendre
le travail vocal et corporel en créant deux nouveaux départements : danse, dirigé par Caroline Marcadet et chant, par Alain Zaepffel. Il y développe aussi des ateliers en faisant appel à des artistes étrangers dans le désir de faire se rencontrer différentes approches de pédagogies théâtrales. (Klaus Michaël Grüber, Piotr Fomenko, Gregory Motton...). Il met aussi
en relation le Conservatoire avec la FEMIS et l’Ecole Nationale
des Arts décoratifs.
A partir des années 1970, Marcel Bozonnet se consacre à la mise
en scène; les années 1990 sont prolifiques :
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Scènes de la grande pauvreté de Sylvie Péju au Théâtre de Gennevilliers (1990),
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Le Surmâle d'Alfred Jarry, opérette moderne, sur une musique de Bruno Gillet au Théâtre des Arts de Rouen (1993),
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La Princesse de Clèves (1995) d'après le roman de Madame de La Fayette, spectacle qu'il interprète également et qui tourne régulièrement en France et à l’étranger depuis sa création.
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En juin 1998 il met en scène Dido and Aeneas opéra en trois actes de Henry Purcell, sous la direction musicale de David Stern pour le Festival International d'art lyrique d'Aix-en-Provence, Académie européenne de musique.
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En janvier 1999, il met en scène à La Maison de la Culture de Bourges puis au Théâtre de La Bastille Antigone de Sophocle dans une nouvelle traduction de Jean et Mayotte Bollack.
En 2001, il est nommé administrateur général de la Comédie-Française, poste qu’il occupe jusqu’en 2006. Durant ces années, il poursuit la mission de la ComédieFrançaise en programmant un répertoire classique et ouvre également la salle Richelieu à des auteurs contemporains en faisant notamment entrer au répertoire Marie Ndiaye, Valère Novarina, Thomas Bernhard, Marguerite Duras. Il invite de grands metteurs en scène internationaux comme Bob Wilson, Piotr Fiomenko, ou Anatoli Vassiliev, Matthias Langhoff, Beno Besson, et engage du premier artiste noir au sein
de la troupe de la Comédie Française : Bakary Sangaré. Il met en scène
pour la salle Richelieu Le Tartuffe ou l’imposteur de Molière en mai 2005
et Orgie de Pasolini au Vieux Colombier en janvier 2007.
En 2006, Marcel Bozonnet crée la compagnie « Les Comédiens voyageurs »
qui est en résidence à la Maison de la Culture d’Amiens de 2007 à 2014.
Il effectue une tournée en Afrique, en Algérie, dans la péninsule arabique et au Moyen-Orient avec des lectures de poèmes de la littérature
arabo-musulmane, française et algérienne. Il met en scène
-Jackie de Elfriede Jelinek avec Judith Henry
- Rentrons dans la rue ! à partir de textes de Victor Hugo et d’Antonin Artaud, spectacle présenté en décentralisation dans les gymnases
des établissements scolaires dont il est aussi l’interprète.
-Baïbars, le mamelouk qui devint sultan, à partir du Roman de Baïbars,
un conte de la littérature arabo-musulmane.
-Chocolat, clown nègre, d’après un texte de l’historien Gérard Noiriel
sur le premier artiste noir de la scène française,
-Le couloir des exilés de Michel Agier et Catherine Portevin à la Maison
de la Culture d’Amiens, puis en tournée dans le département de la Somme.
-Dans le cadre du Festival des Francophonies en Limousin, il crée
en collaboration avec le musicien Richard Dubelski un projet théâtral
et musical avec une soixantaine d’amateurs : Jamais mon cœur n’a retiré
sa bienveillance à la ville d’Alep.
En 2014, Marcel Bozonnet est nommé artiste coopérateur au Théâtre
de l’Union à Limoges dont Jean-Lambert Wild prend la direction. Il met
en scène avec Jean Lambert-Wild et Lorenzo Malaguerra En attendant Godot
de Samuel Beckett où il interprète le rôle de Pozzo.
En 2015, il créé Soulèvement(s) avec la comédienne Valérie Dréville
et le musicien Richard Dubelski, puis en 2016, La Neuvième nuit,
nous passerons la frontière, spectacle présenté en décentralisation
dans des établissements scolaires du limousin, puis dans une tournée
en Seine-Saint-Denis organisée par la MC93, et à la Maison des Métallos
à Paris.
A la demande du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique,
il dirige en 2016 et 2017, le projet TRANCE FORMS à Abu Dhabi, dans le cadre du Programme Culturel Franco-Emirien Dialogue avec le Louvre Abu Dhabi – projet alliant formation de jeunes artistes résidents aux Emirats Arabes Unis et création d’un spectacle, Ana Lughati/je suis ma langue.
Avec Ami Flammer, violoniste, et François Marthouret, il crée, en 2019, au Théâtre du jeu de Paume d’Aix en Provence, Le testament de Beethoven, texte d’Ami Flammer.
En 2019 et 2020, il met en scène deux spectacles au Théâtre de poche Montparnasse : un spectacle musical qu’il imagine avec Olivier Baumont, Madame se meurt ! dans lequel sont tissés des textes de Bossuet, Madame
de Lafayette et Saint-Simon avec Des musiques de Purcell, Lambert
et Chambonnières et en contrepoint une création musicale de Thierry Pécou sur des textes d’Alix Cléo Roubaud et Le laboureur de Bohème de Johannes von Tepl.
Invité par Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, il met en scène
La Rue d’Isroël Rabon en 2021 et en 2024 Lumières du corps de Valère Novarina dont il est également l’interprète.
CRÉDIT : PASCAL GÉLY
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